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Publications

Voyage(s) sur la diagonale du clown

En compagnie du Bataclown
De Jean-Bernard Bonange et Bertil Sylvander
Préface de Serge Martin

Editions L’Harmattan 2012
Collection Sur la diagonale du clown (dirigée par J-B. Bonange et B. Sylvander)
217 pages - Prix public : 22€

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Voici un livre sur le clown contemporain et sur les pratiques artistiques et sociales développées autour du clown. Car le Clown, de la comédie anglaise de la fin du 16e siècle à l’Auguste du cirque jusqu’à son autonomie et sa vitalité actuelle tout-terrain, fait de nos jours toute une histoire !
C’est aussi un livre sur le Bataclown, l’une des premières compagnies de clown-théâtre créée en France en 1980. L’aventure de ces passionnés du clown s’est déployée dans une dynamique reliant la révolution culturelle de 68, le théâtre d’improvisation et de masque, la psychologie humaniste et l’analyse institutionnelle, le clown de l’Ecole Lecoq et le courant de l’expression créatrice… Le Bataclown fait maintenant référence car il a fait école, en étant à l’origine de l’approche pédagogique "à la découverte de son propre clown" et de l’approche artistique du "clown d’intervention sociale".
Ce livre donne des repères précieux pour mettre le cap sur "l’être clown" dans l’ouverture à soi-même, aux autres et au monde ! Comme une invitation au voyage, à l’exploration artistique de nos dimensions cachées, à la mise en jeu de notre corps et de notre imaginaire, pour vivre et voir la réalité autrement. Il invite à découvrir ce personnage naïf et marginal, à distance des normes et des conventions, en contact direct et complice avec ceux qu’il rencontre !
Que ce soit en formation, en création ou en intervention, le clown contemporain se fait miroir de notre humanité et des enjeux du monde. En ce sens, il est un ferment de transformation et d’espoir. Avec le clown et en prenant à contre-pied les processus de domination et de formatage, le Bataclown fait souffler dans la vie culturelle et sociale un air de liberté salutaire et contagieux.
Alors, bon voyage notre compagnie !


De Jean-Bernard Bonange et Bertil Sylvander

Un voyage en 10 chapitres :
1 – Carnets de route : genèse du Bataclown
2 – Confluences : nos pôles d’influence
3 – L’irruption du clown : l’esprit du clown à travers le temps
4 – Le personnage du clown : un paradoxe vivant
5 – Découvrir son propre clown : le Bataclown fait école
6 – L’expression et le jeu : les enjeux du jeu du je
7 – Le cadre pédagogique du Bataclown : accompagner la découverte du clown
8 – L’improvisation : lâcher prise en conscience
9 – Le spectacle de clown-théâtre : création et dramaturgie clownesques
10 – Le clown et l’intervention sociale : un Fou sur le damier social
Bibliographie

Les auteurs

Jean-Bernard Bonange et Bertil Sylvander

Cofondateurs du Bataclown (avec Anne-Marie Bernard), ils ont intégré plusieurs ancrages professionnels : artistique (spectacles de clown-théâtre, clownanalystes), pédagogique (formation), universitaire (recherche).
Ils dirigent ensemble l’Ecole de clown du Bataclown et co-dirigent avec Charlie Gimat et Chris Rosier la compagnie des Clownanalystes du Bataclown.


Préface de Serge MARTIN

Acteur, metteur en scène, directeur d’une Ecole de formation d’acteurs à Genève, Serge Martin est aussi auteur de plusieurs pièces jouées et éditées. Il a longtemps enseigné à l’Ecole internationale de théâtre Jacques Lecoq, a été l’assistant de Jacques Rosner au Conservatoire national d’art dramatique de Paris et a travaillé pour le Cirque du Soleil à Montréal. Il dirige sa compagnie suisse, le Théâtre Ecart.

On se demande quelquefois si l’effet d’une représentation sur les spectateurs sera assez fort ou durable. Bien sûr, nous savons qu’un spectacle n’est qu’une goutte dans l’océan ; mais les artistes ont l’espoir que les centaines de milliers de gouttes qui s’égrainent chaque jour finiront par changer les mentalités. Nous sommes tous dans la dynamique de la transformation. Sur quoi s’engage-t-on d’ailleurs ? Sur des sujets qui nous transforment. Car on a beau dire, nous voulons que les choses changent. Et c’est aussi l’enjeu du Bataclown.
L’expérience sur le fou (le fou du roi) que j’ai menée avec les membres du Bataclown dans les années 1980 a révélé deux choses :
· premièrement, les participants étaient très doués, ce qui nous a permis un travail approfondi sur la fonction du fou. Anticonformiste, s’attaquant à toutes les injustices, toutes les censures, toutes les faiblesses, fustigeant l’hypocrisie, cette fonction peut se résumer en un mot : l’insoumission. Ainsi, la multiplication des outils d’intervention, la forte présence des participants et leur insoumission rendaient la relation avec le public dangereuse.
· deuxièmement, il ne fallait pas abandonner le clown ; Passer exclusivement au fou aurait pu devenir destructeur. En effet, le fou peut effrayer car il n’a aucune retenue et il est impossible de savoir qui il est. Même lorsqu’il fait rire, un rire qui peut faire mal, sa proximité dégage de l’insécurité. Il ne fallait pas se cantonner au fou, spécialement lorsqu’il s’agit d’un fou de société et non d’un compère miroir-conscience-poubelle comme le fut le fou, qu’il s’agisse du fou du roi ou de tout autre prince.

L’action du Bataclown dans le domaine de la clownanalyse correspond à celle d’un fou de société et ses membres sont étrangers aux entreprises dans lesquelles ils interviennent. Les entreprises allaient-elles supporter des étrangers aux comportements dangereux qui viennent les critiquer ? Certainement pas longtemps. Sans entreprise, pas d’action possible, sans public, pas de théâtre.
Or, le clown aussi peut critiquer, naïvement ou inconsciemment. Quand l’humour l’emporte sur l’ironie, la critique passe plus facilement, on ne perçoit plus la satire.
Les clowns sont plus appropriés à la démarche du Bataclown, bien que leur fonction soit identique à celle d’un fou.
La clownanalyse intervient sur des sujets qui concernent les participants ainsi que sur les participants eux-mêmes. Ces sujets sont concrets donc susceptibles d’être changés. L’intérêt de l’intervention est là, dans le miroir tendu et l’espoir de changement.
Intervenir avec des clowns, personnages que l’on aime, est en soit positif. On aime le clown parce qu’il est sympathique, transparent et qu’il croit. Il a deux atouts essentiels : un esprit simple et un cœur généreux. Avec lui, c’est toujours la première fois même et surtout lorsqu’il est démuni. Plus simple que nous, il est facilement accepté ; il n’est jamais réducteur ; on le comprend : quelle ouverture !
En 1998, la thèse de Jean-Bernard Bonange, "le clown, intervenant social", mettait en valeur le personnage comme condensateur symbolique. Ce travail original participait de ce qui est en train de se passer dans toutes les structures "rassemblantes" : le jeu dans le système. Et le Système l’a compris. Nous devons nous méfier de la récupération de "la valeur exception", de la banalisation du "comique satirique" dans tous les médias.

Je me souviens aussi des Journées d’Etudes de "Culture Clown", en 2006, sur le clown et l’imaginaire. Se rencontrer à travers la parole, les spectacles et les différents forums, cerner les sujets, prendre le contrepoint, intervenir et jouer, voilà ce qui a enrichi ces moments d’échange. Et se retrouver pour un moment au centre de la critique des clowns, bienveillante en l’occurrence, nous est très utile. Rien de mieux que de prendre la place de la cible pour connaître le tireur… lorsqu’on est en scène, là où tout est possible : mourir, renaître, faire parler les morts, changer l’espace et le temps, voler…

Les créations du Bataclown et spécialement celles de Bertil Sylvander, dont sa création solo "Le Récital", donnent une place au spectateur en le rendant complice. Et comme l’imprévisible est constamment au rendez-vous, l’instant de l’échange comporte un "tout est possible" si important dans les relations scène - salle.

La fonction du théâtre, elle aussi, s’apparente à celle du fou, miroir de la condition humaine qui prend la parole et se révolte. Le théâtre ne défend jamais la guerre, les abus de pouvoir. Il dénonce l’immobilisme, il s’attaque aux apparences, aux illusions, aux injustices. Il est donc critique. C’est une philosophie contre la banalité, contre la barbarie.
Au théâtre, nous interrogeons l’insaisissable. C’est une transgression par rapport à la normalité. Quelque chose se dégage de la scène, ce n’est pas ce que dit, ce que fait l’acteur, mais autre chose qui émane de son acte, qui est ressenti par le spectateur, et au mieux imaginé par lui. Si le spectateur doit reconnaître ce que nous lui proposons, il doit aussi pouvoir se projeter et projeter le monde autrement. Si non, personne n’avance. Voilà qui est capital : il y a de l’invisible dans nos rapports comme il y a de l’incompréhension dans notre perception. Il ne faudrait pas l’oublier. Le théâtre s’emploie à faire émerger cet invisible.
Et le clown est un spécialiste de cette émergence, mais il ne le sait pas. Il n’a pas l’intention de dénoncer, de nous faire la leçon, de dire quoi que ce soit d’universel. Ainsi, on le tolère lorsqu’il révèle une vérité nous concernant.
Le clown a un avantage sur d’autres personnages, une singularité qui est une véritable chance : son état constant de découverte le rend disponible et lui donne une extrême mobilité. Une présence qui nous place dans l’instant présent. Ceci favorise une écoute réveillée du spectateur, indispensable pour entrevoir autrement, pour imaginer.
De plus, si l’acteur joue le rôle ou le personnage écrit, le clown, lui, déjoue plus qu’il ne joue. C’est la liberté qu’il a avec la fiction et le théâtre lui-même qui lui donne cette arme sublime de transgression.
S’il devient urgent de remodeler notre monde, le clown nous y invite en rendant visible ce qui cloche. Mais il ne s’arrête pas là. Il remodèle le monde non pas en le rêvant mais en lui injectant des possibles empreints de poésie. A lui seul, il représente l’espoir du changement.

Ce qui est formidable avec les clowns, c’est qu’ils ne véhiculent ni peur, ni culpabilité, ni conflit entre les gens. L’échange qu’on a avec le clown s’ouvre au plaisir par le rire. Le rire, cet échange fabuleux qu’on peut qualifier de nécessaire, est la pierre de touche indispensable à l’action des clowns du Bataclown. Et ils l’ont expérimenté tant de fois ce rire qui fait du bien. Non seulement, ils nous font rire en nous critiquant mais en plus, ils savent en parler, du RIRE, comme on le voit dans leur revue "Culture Clown" et dans cet ouvrage ! Un peu comme Rabelais ("Rire est le propre de l’homme").
Je viens de terminer un spectacle sur l’œuvre entière de Rabelais, où nous invitons en deuxième partie les spectateurs à monter à bord du bateau de Pantagruel par ces mots : embarquement immédiat ! C’est ce qui suit, je vous laisse.
Serge Martin

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